Décryptage du métavers, épisode 2. Si le commun des mortels peine à se projeter dans le métavers, les milieux de l’art et du marketing, eux, se sont rapidement positionnés sur ce secteur en pleine expansion, et leur manière de s’approprier ce web3 naissant nous donnent des clés pour comprendre les enjeux économiques qui lui sont associés.
Si le mot “métavers” commence seulement à nous être familier, pour d’autres, son concept est depuis bien longtemps au cœur de toutes les spéculations : selon la dernière estimation de Citi Bank, les métavers pourraient bien représenter un marché de 13 000 milliards de dollars en 2030. À qui profiteront-ils ? En premier lieu, au secteur du marketing, puisque les métavers vont permettre une marchandisation de l’espace virtuel. Pour les marques, l’enjeu sera donc – outre le fait de proposer leurs produits et services – de promouvoir leur valeur esthétique et symbolique.
Et les différents secteurs n’ont pas attendu pour se positionner d’ores et déjà sur ce marché émergent :”Il y en a beaucoup, en premier : le monde du gaming. Il y a aussi le monde de l’art et du luxe, donc la mode essentiellement. Mais aussi l’immobilier, l’univers du e-sport, le monde du sport y arrive aussi de plus en plus, celui de l’entertainment avec notamment la musique. Il y a aussi des marchés qui n’y sont pas encore, comme le secteur de l’industrie – parce qu’il y a encore une incompréhension de l’intérêt du métavers – mais qui y viendront car la question de l’image de marque va être en jeu” détaille Nolwenn Germain, CEO de la société Haido et experte dans le milieu de la tech et de l’innovation.
Mais à quoi peut ressembler l’économie d’un monde virtuel ? Quels outils pour la faire tourner ? C’est là que ça se corse, niveau vocabulaire. Les métavers reposent sur des technologies numériques qui sont toutes liées : blockchain, cryptomonnaies et NFT. Pour faire simple, le métavers est basé sur la blockchain, une technologie dont Nolwenn Germain est spécialiste :
La cryptomonnaie, ou monnaie virtuelle, est la première réaction fondée sur la blockchain. Dans les métavers, toutes les transactions vont être réalisées en cryptomonnaies, via cette blockchain. Il en existe des milliers – dont les plus connues sont le bitcoin et l’ethereum – et pour chacune d’entre elles, l’unité de mesure est le token (ou jeton).
Ces cryptomonnaies vont permettre d’acheter d’autres types de jetons numériques et ce, particulièrement dans les métavers : ce sont les NFT (ou Non Fungible Token). Ces jetons non fongibles servent à acheter des biens non tangibles (comme des tweets, des mèmes, des œuvres digitales…) et fonctionnent comme des certificats d’authenticité : ils garantissent que vous êtes l’unique propriétaire de ce bien virtuel. Opensea est à l’heure actuelle la plateforme de référence pour l’achat de NFT.
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Ces technologies sont synonymes de nouveaux horizons pour les marques, mais aussi pour les individus. Les NFT, rendus possibles grâce à la blockchain et aux cryptomonnaies, repoussent les limites de la personnalisation pour les users dans les métavers, ce qui occasionne un accroissement du potentiel créatif pour les marques selon Nolwenn Germain :
Mais les marques ne sont pas les seuls acteurs auxquels peuvent profiter ces technologies. Gaël Dupret a été le premier artiste, en France et en Europe, à faire certifier ses œuvres via la blockchain dès 2016, une initiative qui lui a permis de se positionner dans le milieu très concurrentiel de la photographie : “J’avais besoin de communiquer autrement sur mon marché, qui est un marché bien bouché. Certifier mes œuvres en NFT, ça a fait toute la différence pour la vente de mes tirages d’art parce que ça permettait de rassurer l’acquéreur qui se disait : ce photographe a une cote, et sa cote est certifiée”. Cette nouvelle ère présente aussi l’avantage de démocratiser le droit d’auteur facilité par la technologie : la certification via la blockchain lui a permis de toucher ses 10% des royalties, une obligation légale rarement respectée, et rendue automatique via le principe de la blockchain. Mais attention, créer un NFT dans les règles de l’art demande du temps :
Mais marketing et créativité sont-ils vraiment compatibles ? Pour Gaël Dupret, cela ne fait aucun doute. Il a d’ailleurs très rapidement su valoriser ses créations vendues en NFT en créant son premier métavers via son projet Goldorak : “Ça crée une expérience client complètement différente, au point que je vais me servir du métavers et de toutes les technologies qui lui sont liées dans mes projets à venir. Mon site professionnel, je suis en train de le développer en métavers, et demain mes rendez-vous, mes interviews, les formations que je vais proposer, je le ferai dans mon métavers. Je ressens l’impact du métavers sur ma créativité, car non seulement il me permet d’envisager des extensions à mes projets déjà existants, mais il m’inspire pour me lancer dans des projets 100% NFT.” Une approche confiante qui n’est pas partagée par tous.tes, face à un marché émergent où la balance risques/opportunités reste encore opaque.
Pour lire la suite de notre enquête, rendez-vous jeudi prochain !
Lire le précédent épisode du décryptage : Vous n’avez rien compris au métavers ? On vous explique tout !
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